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Source : www.bahai-biblio.org
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Article de presse du journal
Dharma
source: juillet-septembre 1999 - n° 34 - pages 46-49
Vers une éthique et une spiritualité globale
pour une culture de paix et de non-violence
La foi baha'ie: un humanisme religieux
Née il y a 150 ans en Perse, reconnue comme une des grandes religions du monde au même titre que le Christianisme et l'Islam, la foi Bahà'ie inspire aujourd'hui des millions de personnes par son message de paix, de tolérance envers les autres religions et de respect des individus. N'imposant ni dogme, ni clergé, la religion Bahà'ie se distingue par ses principes éthiques fondamentalement humanistes. Ses adeptes, réunis sous formes de communautés dans le monde entier, oeuvrent à actualiser ses principes tant par une discipline intérieure que par des activités d'entraide et de soutien dans divers domaines tels que l'éducation, le développement économique, la santé, les droits de l'homme, etc.
Ce mouvement de réforme sociale et morale naît en Perse en 1844, sous le nom de Babisme. Son auteur, le Bàb, jeune marchand de Shiraz, élève la voix, au péril de sa vie, afin de dénoncer les abus et réclamer des réformes dans un pays miné par la corruption et le fanatisme. Il annonce la venue d'un messager universel qui instaurera une ère de justice et de liberté. Malgré une répression sanglante, son mouvement se répand comme une traînée de poudre. Il sera fusillé le 9 juillet 1850 à Tabriz, au nord-ouest de la Perse. Bahà'u'llàh, appelé "Père des pauvres" , délaisse les privilèges de la cour persane pour se consacrer à soulager la misère et la détresse morale de ses contemporains. Il embrasse la cause Babie et en devient l'un des plus ardents défenseurs. Peu après la disparition du Bàb, les Babis privés de leur chef, pourchassés et dispersés, vont se regrouper autour de Bahà'u'llàh, en qui ils reconnaissent le messager universel annoncé par le Bàb. La foi Bahà'ie est née.
Malgré la répression dont il est la victime, subissant l'exil avec sa famille à plusieurs reprises, il rédige inlassablement sa doctrine humanitaire et pacificatrice, en abordant des thèmes aussi divers que l'organisation future de la société, l'intégration raciale, l'égalité des sexes, le désarmement mais aussi la nature spirituelle de l'homme, le rôle de la révélation divine dans l'histoire, le sens de la vie, celui de la foi... Lors de son exil à Bagdad, il rédige un ensemble de textes qui vont constituer l'essentiel du message Bahà'ie. Le Livre de la Certitude, un de ses premiers ouvrages, présente la conception Bahà'ie de la relativité et de la progressivité du phénomène religieux à travers l'histoire. Il offre une interprétation de l'histoire des religions qui s'oppose à toute forme d'intégrisme. La foi Bahà'ie est alors vécue comme un défi, une provocation, non seulement par les fondamentalistes musulmans, mais par tous les fanatiques de toutes religions. Selon Bahà'u'llàh, la religion ne vise qu'un seul but : tisser les liens d'une véritable fraternité entre les êtres humains. La relation avec Dieu doit être vécue authentiquement et non comme une idéologie idolâtre à laquelle les êtres humains doivent se soumettre aveuglément. Ainsi Bahà'u'llàh interdit toute forme de prosélytisme ainsi que tout recours à la force pour imposer le message Bahà'ie.
La religion Bahà'ie commence à faire des adeptes en Occident, en 1911, avec l'arrivée de 'Abdu'l Bahà, le fils de Bahà'u'llàh. A Paris, il participe à plus d'une cinquantaine de conférences et discussions, et souligne l'universalisme et l'humanisme de la foi Bahà'ie en faisant preuve du caractère non-sectaire et non-idéologique de ce mouvement. Malgré le libéralisme ambiant et la montée du nazisme en Europe, plusieurs petites communautés apparaissent alors. La religion Bahà'ie progresse rapidement à partir des années quarante ; elle est aujourd'hui solidement établie dans plus de deux cent pays dans le monde. Elle propose une réflexion approfondie sur la foi et une éthique fraternelle dans un contexte où, plus que jamais et de façon vitale, les êtres humains ont besoin de réponses.
L'essence du message Bahà'ie est inspirée entre autre par la notion d'unité dans la diversité
"Tous les peuples du monde tirent leur inspiration spirituelle d'une même source céleste et sont les sujets d'un seul Dieu... La religion doit servir à l'union et à l'harmonie des peuples du monde." (Bahà'u'llàh)
L'accent est mis sur l'importance pour le pratiquant de fonder sa foi sur une recherche indépendante, sur une expérience vécue personnellement. "Pour saisir les paroles divines, point n'est besoin d'être un érudit. Il suffit d'avoir un coeur pur, une âme chaste et un esprit libre de préjugés."
Sur le plan individuel, intérieur, il s'agit de tendre vers une éthique personnelle élevée et de combattre toute forme de préjugés. Sur un plan collectif, tout travail, s'il est accompli dans un esprit de service, est acte de prière.
Les communautés Bahà'ie du monde entier ont inspiré plus de 1500 projets locaux et autogérés dans différents domaines tels que l'éducation (construction d'écoles, programmes d'alphabétisation...), la santé (campagnes d'information sur l'hygiène et les soins primaires...), le développement économique, l'environnement et le développement communautaire (valorisation culturelle...). Suite aux grandes conférences mondiales des Nations Unies, de nombreuses communautés Baha'ie ont entrepris de mettre en oeuvre, en collaboration avec d'autres ONG (organisation non gouvernementale), les plans d'actions tels qu'Action 21 (adopté lors de la Conférence de Rio). La communauté Bahà'ie est accréditée par l'ONU depuis 1948 en tant qu'ONG et bénéficie depuis 1970 du statut consultatif en catégorie II auprès du Conseil économique et social (ECOSOC) et, depuis 1970, auprès de l'UNICEE. Elle participe également aux travaux de l'Organisation mondiale pour la santé et collabore entre autres avec le PNUE (Programme des Nations Unies pour l'Environnement).
La communauté Bahà'ie française est membre de la Conférence mondiale des Religions pour la Paix (WCRP) et participe activement à des groupes de dialogues interreligieux, conformément au souhait de Bahà'u'llàh.
Dharma
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Une déclaration de la Communauté Internationale Bahà'ie
A l'occasion du 50° anniversaire de l'ONU
Période des plus tumultueuse de l'histoire humaine, le XX siècle a été marqué par une multitude de crises, de révolutions et de revirements spectaculaires. De l'écroulement du système colonial et des grands empires du XIX siècle au succès puis à l'échec désastreux des grandes expériences du totalitarisme, du fascisme et du communisme, certains de ces bouleversements ont été ravageurs, entraînant dans leur sillage la mort de milliers de personnes, abolissant les anciens modes de vie et traditions, et provoquant l'effondrement d'institutions traditionnelles.
D'autres mouvements et évolutions ont été à l'évidence plus positifs. Les découvertes scientifiques et de nouvelles perceptions des phénomènes sociaux ont mis en branle de nombreuses transformations sociales, économiques, culturelles progressistes. La voie a ainsi été frayée à de nouvelles définitions des droits de l'homme, à des déclarations solennelles sur la dignité de la personne humaine, à la multiplication des perspectives d'entreprises individuelles et collec-tives, et à de fraîches et audacieuses possibilités ouvertes à la connaissance et la conscience humaines.
Ces deux processus, l'effondrement des vieilles institutions d'une part, et la floraison de nouvelles façons de penser d'autre part, témoignent d'une seule et même évolution, qui s'est accélérée ces cent dernières années : la tendance à une interdépendance tou-jours plus grande et à l'intégration de l'humanité.
Cette tendance s'observe dans des phénomènes de vaste amplitude, de la fusion des marchés financiers mondiaux, elle-même signe de la dépendance de l'humanité à l'égard de sources diverses mais étroitement liées entre elles en matière d'énergie, d'alimentation, de matières premières, de technologies et des connaissances, à la construction de systèmes de communications et de transport ceignant le globe. Elle apparaît dans l'interprétation scientifique du caractère interdépendant de la biosphère de la terre, qui confère à son tour une nouvelle urgence au besoin de coordination internationale. Elle se manifeste, bien que sous une forme destructrice, dans la puissance grandissante des arsenaux d'armes modernes au point que désormais une poignée de personne suffirait à mettre fin à la civilisation elle-même. C'est la conscience universelle de cette tendance -sous des aspects destructeurs et constructifs à la fois- qui rend si poignante la photo, ô combien familière, de cette sphère tournante, badigeonnée de bleu et blanc, qui se détache sur l'infinie noirceur de l'espace : la terre ; une image qui cristallise la conscience du fait que nous sommes une seul peuple, riche de sa diversité, et habitant en partie commune. (...)
C'est aux fins de contribuer au débat et à la consultation en cours sur cette question de la plus haute importance que la Communauté internationale bahà'ie a ressenti le besoin de faire partager sa vision des choses. Notre point de vue se fonde sur trois idées de départ :
En premier lieu, le débat sur l'avenir de l'ONU doit s'insérer dans le vaste contexte de la transformation de l'ordre international et de son orientation. L'ONU a suivi une évolution parallèle à celle d'autres grandes institutions de la fin du XX° siècle. C'est donc ensemble que ces institutions détermineront la direction à donner à l'ordre international, lequel à son tour les façonnera. Par conséquent, seule devrait être examinée la façon dont la mission, le rôle, les principes directeurs, voire les activités de l'ONU, s'inscrivent dans le cadre élargi de l'ordre international.
En deuxième lieu, étant donné l'unité et l'indivisibilité de cet organisme qu'est l'humanité, chacun des membres qui y naît doit pouvoir compter sur la protection de tous les autres. Ce lien entre l'individu et la collectivité est le fondement moral de la plupart des droits de l'homme que les textes de l'ONU tentent de définir. Il sert aussi à conférer à l'ordre international un objectif prépondérant, celui de formuler et de défendre les droits de la personne humaine.
En troisième lieu, le débat sur l'avenir de l'ordre international doit faire intervenir et enthousiasmer l'ensemble de l'humanité. Il est trop important pour se limiter aux dirigeants -qu'ils soient membres de gouvernement, hommes d'affaires, universitaires, hommes de foi, ou membres d'organisations de la société civile. Il doit au contraire s'adresser aux hommes et aux femmes ordinaires. Une large participation renforcera le processus de sensibilisation à la citoyenneté mondiale et augmentera le soutien à un ordre international élargi .
Extrait de Tournant pour les Nations, octobre 1995.
(c) Communauté internationale Bahà'ie, Bureau auprès des Nations Unies.